Los Angeles, 2015. Face à la sécheresse extrême, 96 millions de balles en plastique noires sont déversées dans les réservoirs d’eau à ciel ouvert de la ville afin de bloquer les rayons du soleil et atténuer l’évaporation, offrant un spectacle inédit.
Cet évènement témoigne de l’aptitude de l’Homme à privilégier des solutions techniques immédiates face aux problèmes environnementaux plutôt qu’à réinterroger l’obsolescence de son système. En parallèle, son incapacité à intégrer dans son comportement l’impact du changement climatique démontre les réticences de celui-ci à modifier ses pratiques. Les tendances expansionniste et extractiviste de l’Homme se confrontent aujourd’hui aux limites de son monde.
Face à cet état des lieux, l’installation architecturale temporaire proposée dans le cadre du Festival des Architectures Vives 2021 prend le parti d’interroger la notion d’éthique en travaillant un matériau quotidien, en lien direct avec l’essor du pétrole. Figure de la modernité, repoussant les limites et les formes, le plastique s’est répandu à travers le monde grâce à sa facilité de travail et son faible coût de production. Aujourd’hui présent au plus profond des océans comme au cœur de nos organismes, le plastique contribue à la stérilisation des territoires.
En installant un monolithe au milieu d’une marée noire de balles en plastique, se heurtant à l’architecture de pierre de l’Hôtel particulier de Rozel qu’il vient parasiter, l’intervention entend révéler l’omniprésence dans nos vies de ce matériau érigé au rang de totem, attirant l’œil par sa brillance et sa forme pure. Le détournement de l’aspect ludique des balles habituellement employées dans les complexes de jeu pour enfants, souligne la manière dont le plastique s’est répandu de manière pernicieuse dans tous les domaines, façonnant même de nouveaux besoins et dépendances à déconstruire.
Le projet interroge la notion de conception responsable : face aux enjeux de l’économie, de l’efficacité, des intérêts individuels, ou de la pérennité, comment ne pas succomber à l’esthétique du mal qui façonne le monde et le perpétue dans ses aberrations ?
Programme : Installation architecturale temporaire
Localisation : Montpellier (34) – Hôtel particulier de Rozel
Surface : 12 m2
Maître d’ouvrage : Champ Libre – Festival des Architectures Vives (➝ FAV)
Thématique Transition : L’Esthétique du mal
Lauréat mention spéciale – 2021